Sylvain Parisot, art et gastronomie

À 32 ans, ce Saint-Rémois est le chef cuisinier de la Jeanne-Aimée, une jolie table nichée près de Notre Dame de Lorette. Chef prometteur, il est passé par de nombreux établissements étoilés durant sa formation et a reçu le prix Balzac des mains de Guy Savoy en 2023

Saint-Rémy, ma ville : Comment s’est révélée votre passion ?
Sylvain Parisot : Enfant, j’étais gourmand et aussi très manuel. En 4e, alors élève au collège de
Coubertin, ma mère m’a proposé de passer une journée dans le restaurant d’un de ses amis, Chez Fernand à Paris. Je n’avais alors jamais envisagé de devenir cuisinier. Cette journée a été une révélation, j’ai tout aimé, l’ambiance, le feu, le service, l’énergie qui se dégageait en cuisine. En fin de journée, de retour à Saint-Rémy, je savais que c’était ça que je voulais faire de ma vie.

SRMV : Quel a été ensuite votre parcours ?
SP : Lors de mon stage de 3e, je suis retourné Chez Fernand, et puis à l’âge de 14 ans, j’ai décidé de débuter un BEP en apprentissage et ai eu la chance d’intégrer l’école Ferrandi, qui forme l’élite de la gastronomie. J’ai enchainé ensuite avec un bac pro et ai rejoint la brigade de Habitude à Paris, alors 2 étoiles au guide Michelin. Pendant ces 4 années d’apprentissage, j’ai vraiment appris les bases de la cuisine française avant de rejoindre, toujours à Ferrandi, l’école supérieure de cuisine française. J’ai pu y parfaire ma formation dans 2 restaurants 3 étoiles, Lameuloise du nom de son créateur en Bourgogne et un établissement fermé aujourd’hui en Alsace qui faisait de la cuisine moléculaire. J’ai voulu avoir un parcours le plus éclectique possible afin d’apprendre des techniques différentes.

SRMV : Quelles sont les cuisines dans lesquelles vous avez ensuite travaillé ?
SP : Une fois mes études terminées, je suis retourné à Lameuloise en commençant commis et en ressortant chef de partie. J’ai rejoint ensuite La Marine à Noirmoutier doublement étoilée à cette époque ; une cuisine unique d’Alexandre Couillon, désormais 3 étoiles. Nous allions chercher nous-mêmes les produits dans notre environnement immédiat, le potager, la mer, … Un passage qui m’a profondément marqué. Puis je suis retourné à Paris chez Elmer, en tant que chef de partie puis second, pour pratiquer une cuisine notamment au feu de bois. Ensuite, une période très formatrice a suivi aux côtés de Pascal Barbot, 3 étoiles. Ce grand chef faisait voyager ses équipes pour développer leur curiosité. Le Covid arrive au moment où j’intègre Fulgurances, un lieu accueillant de jeunes chefs émergents en résidence, où j’ai cuisiné pour les soignants. C’est là que je rencontre ceux avec qui je m’associe pour créer la Jeanne-Aimée, un concept qui a reçu le prix Staub Lebey du Meilleur bistrot de l’année.

SRMV : Comment avez-vous pu intégrer toutes ces cuisines prestigieuses ?
SP : Tous les jeunes rêvent d’intégrer les cuisines de restaurants étoilés. J’ai débuté ma carrière en bas de l’échelle, comme tous. Il a fallu ensuite faire preuve de volonté et démontrer mes compétences dans le milieu de la haute gastronomie dans lequel je n’avais aucun code, pas de référence. Les moments de doute ont été très nombreux, j’ai pu les surmonter grâce aux soutiens de mes parents.

SRMV : Comment s’organise votre vie de famille avec ce métier exigeant ?
SP : J’ai rencontré mon épouse Keiko dans les cuisines de Lameuloise, elle était alors élève dans la grande école japonaise de Shizuo Tsuji, ami de Paul Bocuse. Nous connaissons donc bien l’un et l’autre les contraintes de nos métiers et notre famille est très présente. Aujourd’hui, nous aspirons à monter ensemble une affaire à la campagne pour créer une cuisine beaucoup plus identitaire.

PRIX BALZAC POUR LA CRÉATION CONTEMPORAINE
Sylvain Parisot a reçu le Prix Balzac pour la création contemporaine avec l’artiste Noémie Sauve pour avoir inventé une recette et l’œuvre artistique Les métamorphoses de la fougère.