Passionnée par le verre depuis toute petite, c’est dans l’univers du vitrail qu’Emma a trouvé sa voie. Maître-verrier, elle restaure à Saint-Rémy-lès-Chevreuse les plus beaux vitraux de nos monuments historiques et de nos musées.
Saint-Rémy, ma ville : Comment s’est révélée votre passion ?
Emma Groult : j’ai toujours voulu travailler le verre, ce matériau m’attirait. Je me vois encore, enfant, dans les repas de famille, m’intéresser aux verres, avoir besoin de les toucher. Cet engouement a dû naitre d’un reportage vu sur les souffleurs de verre. La dualité de ce matériau est fascinante, chaud et froid, malléable et cassant. Et puis, de fil en aiguille, j’ai découvert les vitraux, de grands puzzles, traces de notre Histoire. Être passeur de cette mémoire, qui n’en rêverait pas ?
SRMV : Quelles sont les qualités nécessaires pour devenir Maître-verrier ?
EG : C’est avant tout un métier manuel et qui nécessite minutie et patience. Mais il demande également d’avoir des connaissances en Histoire de l’art et d’avoir le sens de l’esthétisme et de la créativité.
SRMV : Quel a été votre parcours ?
EG : C’est important de commencer par la technique de base de fabrication d’un vitrail. Il n’est pas possible de restaurer sans avoir dans les mains le savoir-faire technique : maîtriser le montage et la peinture du vitrail, la coupe du verre,… Car lors d’ateliers de restauration,
l’artisan d’art peut être amené à mobiliser toutes ces compétences.
J’ai donc intégré une école de création, l’ENSAAMA, École nationale supérieure des arts appliqués et des métiers d’art. Située à Paris, elle fait partie de ces 4 grandes écoles qui offrent une formation complète et diversifiée dans le domaine des arts appliqués. Puis, j’ai fait une spécialisation en restauration du patrimoine à l’université Panthéon-Sorbonne. Nous sommes actuellement environ 15 maître-verriers habilités d’État en France.
Quand je me suis lancée dans la restauration, je m’étais toujours dit que le jour où je travaillerai sur la cathédrale de Chartres, ce serait le Graal.
SRMV : Parlez-nous de votre atelier…
EG : D’abord installée en plein centre de Paris, j’ai eu envie de verdure et mon atelier à Saint-Rémy-lès-Chevreuse m’offre toutes les garanties de sécurité. Je travaille essentiellement avec les monuments historiques et les musées et quelques fois pour les collectivités. Trois collaboratrices m’accompagnent, deux vitraillistes et une apprentie. Notre métier reste très féminin même s’il est parfois physique. La complexité des chantiers sur lesquels nous sommes sollicitées nous amène souvent à nous regrouper avec d’autres ateliers. C’est donc un travail d’équipe !
SRMV : Quels sont les chantiers qui vous ont le plus passionnée ?
EG : Quand je me suis lancée dans la restauration, je m’étais toujours dit que le jour où je travaillerai sur la cathédrale de Chartres, ce serait le Graal. En fait, c’est arrivé très vite dans ma carrière ! Ça marque, même si depuis, j’y interviens régulièrement.
Et bien sûr, Notre Dame de Paris ! C’est un chantier hors-normes auquel nous avons participé aux côtés de 8 autres maître-verriers. Nous allons découvrir Notre Dame comme nous ne l’avons jamais connue, lumineuse comme lors de sa construction.
Je tiens à toutes les œuvres, alors je reviens sur les sites après la fin de la restauration, cela me permet de redécouvrir les vitraux dans leur environnement sans les échafaudages, un moment émouvant.