Bérengère Dubrulle, Saint-Rémoise et Scientifique

14 mars 2023
Rencontre avec une Saint-Rémoise, directrice de recherche au CNRS, femme scientifique passionnée et engagée au service de la connaissance pour mieux comprendre les mécanismes de la Nature, les liens qui nous y relient et notre place dans l’Univers afin de mieux protéger notre environnement.

Saint-Rémy, ma ville : pourriez-vous présenter votre parcours de chercheur ?
Bérengère Dubrulle : J’ai un parcours classique avec des études à l’École normale supérieure, que j’enchaine avec un séjour de recherche dans le département de radioastronomie de l’université de Berkeley, suivi d’une thèse en astrophysique à l’observatoire Midi-Pyrénées sous la direction de Jean-Paul Zahn. Je pars ensuite à l’institut météorologique de Tsukuba au Japon pour des recherches postdoctorales et rentre au CNRS en 1991 pour entamer des recherches sur la formation du système solaire et le rôle qu’a pu y jouer la turbulence.

SRMV : quels sont vos travaux actuels et en quoi consistent-ils ?
BD : Au début des années 2000, avec toute ma famille, je repars aux États-Unis au National Center for Atmospheric science, où je prends conscience des changements climatiques. C’est là que je décide de réorienter mes recherches vers la géophysique pour essayer de contribuer à mieux comprendre et prévenir l’évolution engagée. C’est le début de mes travaux actuels avec des expériences pour comprendre et modéliser les bifurcations, c’est-à-dire des changements de régime très rapides et très intenses sur les grandes circulations dans un fluide et voir si de telles bifurcations pourraient exister dans les océans ou l’atmosphère.

SRMV : Saint-Rémy, Marie Curie et Irène Joliot-Curie, toute une histoire pour vous ?
BD : ma vocation scientifique est née en regardant une image de Marie Curie devant sa paillasse dans un livre d’Histoire, j’avais alors 8 ans. J’en garde l’importance d’avoir des images féminines à qui s’identifier et qui permettent de déclencher une vocation. Mais j’ai 3 autres raisons qui me relient à la famille Curie. D’abord, évidement, le fait d’habiter à Saint-Rémy depuis 2001, à quelques mètres de la propriété où Pierre et Marie Curie séjournaient durant leurs vacances avec leurs filles Irène et Ève. Ensuite, je dois à Irène Joliot-Curie, Sous-secrétaire d’État à la Recherche scientifique sous le Front populaire en 1936 (à une époque où les Françaises n’avaient pas le droit de vote), d’avoir donné aux jeunes filles de l’École normale supérieure les mêmes prérogatives que les garçons, ce qui m’a permis d’en bénéficier ! Et enfin, le dernier point concerne le rôle de cette dernière dans la création du CEA auquel je suis aujourd’hui rattachée. Le prix Irène-Joliot-Curie que je viens de recevoir résonne donc un peu comme un clin d’œil !

 

Femme scientifique de l’année 2022
Directrice de recherche au service de physique de l’état condensé (CEA/CNRS/Université Paris-Saclay), Bérengère Dubrulle vient d’être nommée Femme scientifique de l’année par l’Académie des sciences en lui décernant le prix Irène-Joliot-Curie 2022. Ce Prix remis, le vendredi 10 février dernier au Conseil national des arts et métiers, distingue cette physicienne qui est notamment à l’origine d’un nouveau modèle de formation du système solaire prenant en compte la turbulence.

 

© Frédérique Plas CNRS Phototheque